mercredi 17 mars 2010

Subordination circonstancielle

Rappel : La subordination circonstancielle est l'un des trois modes de subordination.
  
proposition principale
conjonction  de subordination
 proposition subordonnée
Le président a prononcé un bon discours,
bien que
les membres de son propre parti eussent exprimé des doutes sur sa capacité à gouverner.

Les conjonctions de subordination
       
Pour construire cette phrase, on a utilisé la conjonction de subordination, «bien que», et il a fallu modifier le mode du verbe de la subordonnée (eussent exprimé , imparfait du subjonctif, à la place du plus-que-parfait de l'indicatif).

     Ici, la prononciation du discours par le président constitue «l'idée principale», le point de focalisation de cette phrase, mais principale et subordonnée peuvent parfois facilement s'intervertir; il n'y a ainsi pas grande différence entre «Bien que le président ait prononcé un bon discours, les députés n'ont pas été convaincus.» et «Bien que les députés n'aient pas été convaincus, le président a prononcé un bon discours
Par contre, dans une phrase comme
«Bien qu'il fasse mauvais, je vais faire une promenade.»
le point de focalisation ne peut pas être simplement renversé
«Bien que j'aille faire une promenade, il fait mauvais.»
En effet, il existe une contrainte de subordination entre ces deux propositions parce que le temps qu'il fait peut être un facteur dans ma décision de sortir en promenade, alors que ma décision de sortir en promenade n'a évidemment aucune incidence sur le temps qu'il fait.

     De même, on ne peut pas intervertir la focalisation de la phrase «Le président a prononcé un bon discours, bien que les membres de son propre parti eussent exprimé des doutes sur sa capacité à gouverner », car la contradiction exprimée dans la subordonnée se double d'une antériorité: l'expression des doutes précède le discours.
Quelques conjonctions de subordination:
Cause: comme, parce que, puisque, étant donné que, vu que, sous prétexte que (indicatif)
But: afin que, de façon à ce que, de manière que, pour que (subjonctif)
But négatif (lorsqu'il s'agit d'éviter une certaine conséquence) de peur/crainte que (subjonctif)
Comparaison: comme, de même que, ainsi que, plus/moins que (indicatif)
Concession: quoique, quoi que, bien que, malgré que (subjonctif)
Restriction: même si (indicatif ), encore que, en admettant que (subjonctif)
Restriction alternative: tandis que, alors que (indicatif)
Condition: si, même si (indicatif), au cas où (conditionnel), à condition que, pourvu que, à supposer que (subjonctif)
Condition négative: à moins que (subjonctif), sauf si, faute de quoi (indicatif)
Simultanéité: au moment ou, en même temps que, pendant que, tandis que, alors que, lorsque, quand (indicatif)
Antériorité: avant que, jusqu'à ce que, en attendant que (subjonctif)
Postériorité: après que, dès que, aussitôt que, une fois que (indicatif)
Proportion: à mesure que, chaque fois que, toute les fois que (indicatif)
Conséquence: a tel point que, si bien que, au point que, de sorte que, de façon que, si/tellement/tant... que (indicatif)

Dénotation & connotation

Le sens dénoté d'un terme est le sens qu'il a dans le dictionnaire, ce qu'on peut appeler aussi le sens premier. La dénotation n'apporte aucune ambiguïté, n'est jamais équivoque. Par exemple, un dentiste est un praticien qui soigne les dents, un tournevis est un outil pour tourner les vis. Dans un exposé technique ou scientifique, la dénotation est de mise pour éviter les interprétations ou les malentendus.

La connotation introduit de la subjectivité dans le sens d'un mot. Un terme connoté prend donc un sens qui dépend de l'énoncé lui-même et de l'énonciateur qui le produit
Si je déclare qu'une mesure de rigueur est un tournevis, le terme devient connoté (on serre non pas une vis, mais un budget). La signification du terme devient alors plus symbolique. Sont ainsi connotés les termes péjoratifs, mélioratifs, ironiques. Ainsi, le mot rouge est dénoté lorsqu'on parle d'une veste ou d'un coquelicot rouge. Mais si l'on évoque le drapeau rouge, au fait que le drapeau soit rouge se rajoute une connotation (celle de la révolte). Même chose dans l'expression être rouge de colère.
Les registres de langue relèvent aussi de la connotation. Un terme familier connote une origine ou une intention populaire, au contraire d'un terme soutenu. Ainsi on ne conclut pas de la même façon une lettre à un copain et un courrier à un employeur. 

A noter la présence d'un seul n dans dénoter, dénotation, de deux n dans connoter, connotation (règle du préfixe cum, noter ensemble)

vendredi 12 mars 2010

Les préfixes en français moderne


préfixeorigineexemplesens
a, adlat ad versamener, accourirmener vers, courir vers
a, ab, abslat ab, abs (hors de)aversion, ablution, s’abstenirsentiment qui éloigne, lavage qui enlève, se tenir loin, à l’écart
a, angrec a, anacéphale, anarchiesans tête, sans gouvernement
anté,antilat ante, avantantédiluvien, antidaterd’avant le déluge, dater d’avant
antigrec anti, contreantiseptique, antiridescontre l’infection, contre les rides
archigrec archiarchiduc, architecteduc, ouvrier au plus haut degré
béné, bienlat benebénédiction, bienfaisanceparole dite pour le bien, action de faire le bien
bi, bidlat bisbipède, bissacqui a deux pieds, deux poches
catagrec catacataloguediscours allant de haut en bas
circonlat circumcirconstance, circonférencequi se tient, qui se porte autour
cislat ciscisalpinen déça des Alpes
co, com, con
(col, cor)
lat cumcomprendre, collaborer, consonneprendre, travailler avec, qui sonne avec (une voyelle)
contrelat contracontresigner, contrediresigner à côté, parler contredé,
des, dis,dilat, disdéloyal,déshonorer, disposerqui s’écarte de la loyauté, de l’honneur, poser en des points écartés
digrec didiptèrequi a deux ailes
diagrec diadiaphanequi laisse voir à travers
dysgrec dysdyspepsiedigestion mauvaise
enlat indeenlever, emporterlever, porter au loin
en,inlat inencadrer, importermettre dans un cadre, porter dans
entre, interlat interentreposer, interposerposer entre
é, ef, exlat execrémer, effeuiller,exporterôter la crême, les feuilles, porter hors de
epigrec epiepitaphe(écrit) sur un tombeau
eugrec eueuphonieson agréable
extralat extraextraordinaireen dehors de l’ordinaire
for, fourlat forisforfaire, fourvoyerfaire, s’engager en dehors
hémigrec hémihémispèreune moitié de sphère
hypergrec hyperhyper tensionune tension en dessus de la normale
hypogrec hypohypotensionune tension en dessous de la normale
inlat ininégal, illisible, irremplaçablequi n’est pas égal, lisible, remplaçable
infralat infrainfrarougeau-dessous des rayons rouges dans le spectre
intra, introlat introintraveineux, introduireà l’intérieur d’une veine, conduire dans
mal, maulat malemaladroit, maudireadroit dans le mal, dire du mal
maléfranciquemalédictionfait de dire du mal
mé,mesfrancique mimécontent, mésaventurecontent en mal, mauvaise aventure
milat medusmilieu, mi temps, (parmi)lieu, temps placé à la moitié, par la moitié
monolat mediusmonosyllabemot d’une seule syllabe
nonlat nonnon-payementfait de ne pas payer

outre, ultralat ultraoutrepasser, ultrasensiblepasser au-delà, sensible au-delà
par, perlat perparsemer,perfectionsemer de ci de là, fait tout à fait
paragrec paraparatonnerrecontre le tonnerre
périgrec peripériostemembrane autour des os
postlat postpostdater, posthumedater après, après l’enterrement
prélat praepréavisavis donné avant
pro, por, pourlat proprolonger, portrait, pourparlerlonger en avant, trait mis en avant, paroles en vue d’un accord (idée de but)
r, re, rélat rerevenir, réagirvenir, agir (de nouveau ou complètement)
rétrolat retroretrogradequi avance en arrière
semilat semisemi-remoqueremorque dotée à moitié de roues
sou, sous, sublat subsouligner, soustraire, subdivisertirer un trait sous, ôter par en dessous, diviser sous une première division
sur, supersupralat super
lat supra
surnaturel, supraterrestreau-dessus de la nature, de la terre
suslat sursumsusdit, suspendudit, pendu au-dessus
sy,sym,syngrec synsystème, sympathie
syntaxe
parties se tenant ensemble, sentiment qui met ensemble, agencement de mots ensemble
tra, translat transtraverser, transmettreverser, mettre à travers
tré, treslat transtrépasser, tresssaillirpasser au-delà, saillir vivement
tri, trislat tritricycle, trisaïeulvéhicule à trois cycles, aïeul à la 3ème génération
unilat unusunijambistequi n’a qu’une jambe
vi, vice,lat vicevicomte, vice consulà la place du comte, du consul

jeudi 11 mars 2010

5. Introduire le discours d'autrui

Introduire le discours d'autrui est un exercice qu'on doit maîtriser parfaitement pour réaliser une synthèse de documents aboutie. Lorsque qu'on rédige (en 2 ou 3 parties)  le développement d’un devoir, on est en effet sans cesse amené à reformuler les arguments ou les exemples utilisés par les auteurs, afin de les confronter (tous les documents doivent ainsi être traités dans chaque partie, et non pas envisagés les uns après les autres).
Les répétitions de mêmes verbes introducteurs, pour peu qu’on n’y prenne garde, s’accumulent dès lors facilement, rendant le texte très pénible à lire. Ce qui est bien entendu pris en compte dans l’évaluation. Pour éviter cet écueil, on prendra garde à varier la formulation, en évitant notamment le fautif « un tel montre que ». Il est également nécessaire de se souvenir des règles du discours indirect, qui utilise un verbe introducteur + la conjonction que (ou si dans le cas de l'interrogation).

Voici pour vous aider quelques termes faciles à utiliser afin de varier votre style :

Pour amener une réflexion  :

selon X, d’après X, si l’on en croit X,
X pense que, croit que,  affirme que ; rappelle que, constate que, observe que, établit que, remarque que, explique que, fait apparaître que, reconnaît que, évoque le fait que, souligne, met en évidence, analyse, fait part de, certifie, proclame…

Pour amener une affirmation implicite :
X laisse entendre que, semble croire que, suggère que, sous-entend que, hasarde,avoue, estime... 

Pour amener une contestation ou introduire une polémique :  

X nie, objecte, réplique, rétorque, refuse de, s'inquiète de, s'émeut de s’indigne de, réfute, conteste, déplore le fait que, repousse l’idée de, craint que, doute que, revendique le fait que, critique... 

Pour amener un complément 
X prolonge, complète,  ajoute,  précise, admet... 

Pour amener une question 
X se demande si, s’interroge sur, questionne

Pour amener un souhait, un conseil 
X souhaite, préconise, propose,  conseille...


Lorsque plusieurs auteurs disent la même chose :

 accepte, accorde, admet, approuve, rejoint, avoue, concède, consent, convient, confirme, reconnaît, adhère à une thèse, partage les vues de, renchérit, fait écho, se rallie à l'opinion de ...
Z et Y se rejoignent, s'accordent, s'associent, sont unanimes, abondent dans le même sens, font chorus ...

Si vous n’êtes pas sûr du sens ou de la construction grammaticale de ces verbes, n’oubliez pas de vérifier dans le dictionnaire. Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive, et de nombreux autres synonymes sont aussi bienvenus ; A vous de les trouver et de les utiliser à bon escient. 


Exercice 1 : Reformulez  de manière différente la phrase : "Les Britanniques se prennent pour le peuple le plus épié du monde." pour faire comprendre qu'il s'agit :
- d'une supposition
- d'une éventualité
- d'une évidence
- d'une rumeur
- d'un constat que vous auriez du mal à croire
- d'un constat que vous ne pouvez accepter

Exercice 2 : "Le travail est un trésor" Intégrez cette affirmation à différentes phrases pour faire comprendre : 
- que cette phrase est de la Fontaine
- que la Fontaine n'est pas le seul à affirmer une telle idée
- que vous souscrivez à cette idée
- que vous n'êtes qu'en partie d'accord avec elle
- que vous n'êtes pas d'accord avec elle
- que beaucoup de gens font semblant de croire à cette idée


Exercice 3 : Reformulez ces différents points de vue en utilisant des verbes introducteurs appropriés. 




Autrement dit, il faut faire sauter un certain nombre d’oppositions qui sont dans nos têtes et qui sont des manières d’autoriser des démissions : à commencer par celle du savant qui se replie dans sa tour d’ivoire. (P. Bourdieu, Le Monde diplomatique)


Pour ma part, je trouve très rassurant que les gens doutent. Car l'ambivalence est source de conflits, de débats et d'évolution. (B. Cyrulnik, "Le Nouvel Observateur")

La vieillesse dénonce l'échec de toute notre civilisation. C'est l'homme tout entier qu'il faut refaire, toutes les relations entre les hommes qu'il faut recréer si on veut que la condition du vieillard soit acceptable. Un homme ne devrait pas aborder la fin de sa vie les mains vides et solitaire. (S. de Beauvoir, La Vieillesse)

La force de Disney est d'avoir su, par le biais de cette présentation, recycler toutes les mythologies de l'enfance en une seule, la sienne, depuis Les Mille et une Nuits jusqu'à Lancelot du Lac. Et ce melting-pot des imaginaires européens et orientaux, en éludant leur ambiguïté, élude aussi leur pouvoir d'envoûtement. (P. Bruckner, La Tentation de l'innocence)

II est possible que la littérature telle que nous la connaissons, les livres tels que nous les pratiquons ne soient plus là pour très longtemps. On nous l'annonce, on nous le fait entrevoir à mille signes. Je ne suis ni prophète ni futurologue et ne hasarderai pas un pronostic; mais c'est un fait que de notre vivant, si je puis dire, les choses ont déjà beaucoup changé autour de nous, nous ne voyons plus, nous n'entendons plus tout à fait de la même façon qu'il y a trente ans, nous ne lisons plus de la même façon qu'autrefois. (J.L. Curtis, Questions à la littérature)

J'affirme qu'un peuple soumis pendant un demi-siècle au régime actuel des cinémas américains s'achemine vers la pire décadence. J'affirme qu'un peuple hébété par des plaisirs fugitifs, épidermiques, obtenus sans le moindre effort intellectuel, j'affirme qu'un tel peuple se trouvera, quelque jour, incapable de mener à bien une œuvre de longue haleine et de s'élever, si peu que ce soit, par l'énergie de la pensée. (G. Duhamel, Scènes de la vie future)

Il n'est pas vrai que quoi que ce soit puisse progresser en allant de beauté en laideur. Il n'est pas vrai que nous n'ayons besoin que d'acier bien trempé, d'automobiles, de tracteurs, de frigidaires, d'éclairage électrique, d'autoroutes, de confort scientifique. Je sais que tous ces robots facilitent la vie, je m'en sers moi-même abondamment, comme tout le monde. Mais l'homme a besoin aussi de confort spirituel. La beauté est la charpente de son âme. Sans elle, demain, il se suicidera dans les palais de sa vie automatique. (J. Giono, La Chasse au bonheur)

Ces mots nuancés qui fixaient rangs et qualités en laissant jouer toutes les tonalités subtiles des sensations et des sentiments, on ne les rencontre plus guère que dans nos dictionnaires et nos anthologies; à la rigueur sans doute la littérature peut toujours les retrouver, surtout lorsqu'elle ne craint pas de paraître démodée; mais pour peindre, situer, juger dans le langage de chaque jour, nous n'avons déjà presque plus rien à mettre entre le type bien et le salaud; les raisons et les torts, les qualités et les défauts forment des blocs opposés, entre lesquels apparemment nous ne concevons même plus de degrés. (M. Robert, La Vérité littéraire)
Il n'est pas possible de ne pas proclamer qu'il vaudrait mieux diffuser dans le public la compréhension des faits avérés et cohérents de la physique quotidienne qu'étaler complaisamment dans les colonnes des journaux ou sur les ondes le fatras de conjectures sans fondement. (P. Assouline, "Lire")
Insidieusement, au fil du temps, dans l'univers du libéralisme comme dans celui qui se prétendait socialiste, l'accent mis sur les recettes et les moyens du mieux-être a fini par éclipser l'objectif qu'ils sont supposés servir. Au besoin d'un supplément d'âme, on répond : régulation marchande, compétition, argent. (René Passet, "Le Monde diplomatique")
Agir, c'est ce que l'écrivain voudrait par-dessus tout. Agir, plutôt que témoigner. Ecrire, imaginer, rêver, pour que ses mots, ses inventions et ses rêves interviennent dans la réalité, changent les esprits et les cœurs, ouvrent un monde meilleur. Et cependant, à cet instant même, une voix lui souffle que cela ne se pourra pas, que les mots sont des mots que le vent de la société emporte, que les rêves ne sont que des chimères. De quel droit se vouloir meilleur ? Est-ce vraiment à l'écrivain de chercher des issues ? (J.M.G. Le Clézio, Discours de réception du prix Nobel).
Dans un pays qui accueille un nombre toujours croissant d’étrangers, notre devoir est d’assurer une coexistence harmonieuse entre les uns et les autres. Pour dire les choses plus brutalement, d’éviter le conflit, d’empêcher la guerre civile. À cette fin, la France se doit de ne pas renoncer à elle-même. Dans certaines circonstances, la fidélité n’est pas une attitude passéiste. Elle est un projet d’avenir. Notre civilisation doit pouvoir s’affirmer face à ceux qui la contestent. (Alain Finkielkraut, "Être français")
Il semble que le travail des ingénieurs, des dessinateurs, des calculateurs du bureau d'études ne soit ainsi, en apparence, que de polir et d’effacer, d’alléger ce raccord, d’équilibrer cette aile, jusqu’à ce qu’on ne la remarque plus, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une aile accrochée à un fuselage, mais une forme parfaitement épanouie, enfin dégagée de sa gangue, une sorte d’ensemble spontané, mystérieusement lié, et de la même qualité que celle du poème. (A. de Saint-Exupéry, Terre des hommes).
Face à ces mutations, sans doute convient-il d’inventer d’inimaginables nouveautés, hors les cadres désuets qui formatent encore nos conduites et nos projets. […] Pourquoi ces nouveautés ne sont-elles point advenues ? J’en accuse les philosophes, dont je suis, gens qui ont pour métier d’anticiper le savoir et les pratiques à venir, et qui ont, comme moi, ce me semble, failli à leur tâche. Engagés dans la politique au jour le jour, ils ne virent pas venir le contemporain. Si j’avais eu, en effet, à croquer le portrait des adultes, dont je suis, il eût été moins flatteur. (Michel Serres, "Petite Poucette")
L'art, la philosophie et toutes les sciences humaines honorent la condition humaine. Mais pourquoi diable faut-il qu'un écrivain, qu'un poète, qu'un homme politique soit parfois aussi ignorant en matière scientifique qu'un sorcier d'une tribu oubliée dans la forêt vierge ou qu'un gourou religieux intégriste ? Nous admirons depuis toujours ces cours de « science pour les poètes» dispensés dans certaines des meilleures universités américaines, en général par des maîtres chevronnés. Aucun grand commis de l'État ne devrait y échapper afin qu'on puisse le juger sur autre chose que sa maîtrise des dossiers administratifs. (Georges Charpak, Mémoires d'un déraciné, physicien et citoyen du monde).