jeudi 26 mai 2011

L'enseignement en détresse

DOCUMENT UN :

«  Je crois que la force de tout enseignement par rapport aux événements du monde est d’imposer aux esprits un détour. Si l’on veut s’orienter convenablement dans une promenade au cours de la quelle on doit retrouver son chemin, il faut prendre, en pensée, du recul. Il faut se retourner, voir d’où vient le chemin que l’one st en train de parcourir et où sont les repères, recourir à une carte, sur laquelle le paysage confus, masqué de buissons et d’arbres, d’ombres et de creux, se ramène à un tracé schématique, couvrant un horizon bien plus étendu et qui soudain rend compte du paysage. Il en va de même dans les choses de l’esprit. Complexe, notre société ? O combien ! Mais dans ce cas, pour l’appréhender, pour en comprendre les problèmes et les tendances, il faut précisément faire le détour et apprendre à connaître d’autres sociétés plus simples.
Je reste convaincue que l'on comprend mieux la collectivité qu'est l'État quand on connaît la cité grecque, avec les dévouements qu'elle suscitait si largement et les crises qu'elle traversa et surmonta, que l'on comprend mieux les relations entre les pays quand on a pratiqué la relation toute simple qui s'établit au niveau de deux cités de régime politique différent et luttant pour la suprématie, ou bien entre des cités grecques et un envahisseur barbare. Après tout, si l'on ne cesse de découvrir, dans la littérature grecque, « l'actualité » de tel passage ou de tel autre, cela n'est point dû au hasard de situations qui se répéteraient, mais au fait que des situations simples, analysées avec rigueur, fournissent divers schèmes d'interprétation susceptibles d'être appliqués à des situations plus complexes.
Je crois aussi que, dans l’ordre des conduites humaines, les problèmes peuvent être posés avec une force accrue lorsque se découvre, au niveau de la famille ou de la cité, le premier élément éclatant d’un dilemme humain : la mort d’Antigone et la mort de Socrate aident à comprendre l’héroïsme et à le sentir dans sa simplicité absolue. « École » vient d'un mot grec signifiant  « loisir ». L'étude doit être la pause féconde et enrichissante où l'on s'arme pour la vie et pour la réflexion, et où l'on entre en possession de tout un trésor humain, que plus tard on n'aura plus, en général, ni le temps ni l'occasion de découvrir. Peu importe que les jeunes, au sortir de l'Université, soient un peu hors du temps, un peu trop entourés d'amis tels que Socrate ou Descartes, Antigone ou Ruy Blas, Virgile ou Rimbaud : la télévision, la radio, le cinéma, rétabliront, toujours bien assez vite l'équilibre. Mais si ce sont juste de petits énarques ou de petits syndiqués bien au courant des dernières réglementations et du cours des monnaies, qui rétablira l'équilibre ?

Pour tout, il faut du temps, et des exercices austères. Il en faut pour le piano, pour la danse. L'enseignement a lui aussi besoin de temps et d'exercices austères. Il a besoin de ce qui paraît inutile et inactuel. C'est cela que l'on appelle la culture, au sens actif du terme.

Jacqueline de Romilly, L'enseignement en détresse, Édition Julliard, Paris, 1984



DOCUMENT DEUX :

« Pour assurer une sortie de  crise durable, nous avons besoin d’un nouveau modèle de croissance fournissant des emplois plus nombreux et de meilleure qualité. Mais pour que l’économie puisse s’adapter à ces nouvelles sources de croissance, les travailleurs doivent être dotés des compétences adaptées», a déclaré M. Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE. « Si nous pouvons donner aux jeunes une formation de qualité, alors nous aurons plus de chances de réussir.»
Le rapport présente  notamment les recommandations suivantes :
• Pour répondre aux besoins du marché du travail : proposer un éventail de programmes d’enseignement professionnel reflétant à la fois les préférences des élèves et les besoins des employeurs. Outre des compétences spécifiques répondant aux besoins immédiats des employeurs, transmettre des compétences transférables pour soutenir la mobilité professionnelle. Au-delà de l’enseignement secondaire, répartir les coûts entre l’État, les employeurs et les étudiants en fonction des avantages obtenus.
• Pour soutenir les enseignants et les formateurs : dans les établissements d’enseignement professionnel, promouvoir les partenariats avec les entreprises, encourager le travail à temps partiel et favoriser des voies de recrutement souples. En entreprise, apporter  aux personnes dévolues à l’encadrement des stagiaires et des apprentis une préparation pédagogique adaptée. Adopter un cadre d’évaluation normalisé au niveau national.
• Pour encourager la formation en entreprise : proposer suffisamment  de mesures incitatives  aux employeurs et aux élèves pour participer à la formation en entreprise. S’assurer que la formation est de bonne qualité, avec des cadres  assurant une certaine  qualité et des cadres contractuels efficaces pour les apprentis.
• Pour lutter contre la crise économique : soutenir la formation en entreprise et répondre à la demande croissante d’enseignement de formation professionnelle à temps plein.
• Pour élaborer les moyens d’action : impliquer les employeurs et les syndicats dans la formulation et la mise en œuvre de la politique de formation professionnelle. Recueillir et analyser des données concernant les résultats des diplômés sur le plan professionnel. Proposer des services d’orientation professionnelle accessibles à tous s’appuyant sur ces résultats.

Rapport de l’OCDE rédigé par Simon Field, Kathrin Hoeckel, Viktória Kis et Małgorzata Kuczera,  « Agir pour améliorer la qualité et la pertinence des systèmes d'enseignement et de formation professionnels », 22 octobre 2009.


Préparation de texte :

1)      Qui sont les auteurs respectifs de ces textes ?
2)      Quel est leur thème commun ?

3)      En quoi s’opposent-ils ? 



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