vendredi 18 mars 2011

Les doublets

Un grand nombre de mots français proviennent du latin par deux voies différentes :  la première est la formation populaire, la seconde est la formation savante. 
Dans le cas de la formation populaire,  les habitants de la Gaule puis ceux de la France ont modifié, de génération en génération, leur façon d’articuler des mots latins qui se sont peu à peu transformés jusqu’à devenir des mots français : Par exemple, «caput» est devenu «chef». Dans la seconde, des clercs médiévaux et des humanistes du XVIème s siècle se sont efforcés d’enrichir le vocabulaire  français en empruntant directement au latin classique les termes qu’ils introduisaient tels quels dans la langue française. C’est ainsi que la racine «caput» a donné «capital» ou «capitaine».
Lorsque deux mots français sont issus du même étymon latin, l'un par formation populaire, l'autre par formation savante, on les appelle doublets. Ainsi de sûr et sureté (issu de securum par formation savante) et sécurité, issu du même mot par formation savante. Ainsi de hôtel et hôpital, issu de hospitale.

Exercice Un

Des  mots issus du même mot latin, l’un par formation savante, l’autre par formation populaire sont appelés des doublets. Les deux se sont spécialisés dans des emplois différents et peuvent appartenir à des classes grammaticales différentes : ils ne sont donc pas synonymes. 
Complétez la liste suivante en ajoutant au mot de formation populaire (donné ici) le terme de formation savante qui lui correspond. 

potione > poison ; captivu > chétif ; fragile > frêle ; casa > chez ; opera > oeuvre ; legale > loyal; apoticariu > boutiquier ; strictu > étroit ; lazaru > ladre ; solidu > sou ; sacramentu > serment ; spatula > spatule ; tibia > tige ; pensare > peser; mutare > muer ; dotare > doter ; ratione > raison; blasphemare > blasphémer ; mobile > meuble.

Exercice Deux
Les mots latins ont souvent été utilisés pour obtenir par adjonction de préfixes et de suffixes de nombreux mots français. Il est intéressant de prendre conscience de l’origine commune de ces termes, qui explique les parentés de sens entre «mots de la même famille». Vous chercherez à  retrouver 2 ou 3 mots formés sur le  radical latin et vous préciserez la relation de sens qui les relie à leur étymon commun. 

aqua> eau ; aquila > aigle; capra> chèvre ; carne> chair ; cane> chien ; petra> pierre ; licere > loisir ; auscultare> écouter ; ostrea> huitre ; nocte> nuit ; alter > autre; voce> voix ; oculu > oeil ; navigare > nager ; capite > chef ; fide> foi ; laborare > labourer ; simulare > sembler ;  pavorem > peur ; stella> étoile 


Exercice Trois
La plupart des verbes latins ont donné naissance, par formation populaire et par formation savante, à des «mots de la même famille». L’infinitif latin est souvent à l’origine du doublet de formation populaire, le supin (forme disparue)  à l’origine du doublet de formation savante. 
Dans cette liste, vous trouverez la forme infinitive, le doublet populaire et le supin de chaque verbe.  A vous d’indiquer pour chacun les noms et adjectifs formés à partir du supin de façon savante.

creare> créer, creatum; narrare>narrer, narratum; negare>nier, negatum; cogitare> cuider (penser) cogitatum; agere> agir, actum ; facere > faire, factum; trahere> traire, tractum; legere > lire, lectum; dicere > dire, dictum ; rumpere> rompre, ruptum; rapire>ravir, raptum; credere > croire, creditum; mittere> mettre, mission; videre> voir, visum; findere>feindre, fissum; ponere> pondre, positum; fingere>feindre, fictum; jungere>joindre, junctum; praedicare>precher, praedicatum.

jeudi 17 mars 2011

La proposition complétive


  • La proposition COMPLÉTIVE est une proposition complétant un verbe de perception ou de sensation dont elle est toujours le complément d'objet direct. Elle est toujours introduite par QUE
                             J' ai pensé QUE tu pourrais aller nous voir jouer.
            
  • Selon le type de verbe de la principale, le verbe de la complétive se construit soit au mode indicatif soit au mode subjonctif (=> expresion de doute, d' incertitude, etc):
                             Je crois qu' il sera agréable. (indicatif)
                             Je ne crois pas qu' il soit agréable. (subjonctif)
                             Je regrette qu' il soit agréable. (subjonctif)
                             Il ne veut pas que nous partions en vacances. (subjonctif)
                             Je sais que tu viens demain. (indicatif)
                             Je doute que tu viennes demain. (subjonctif)
            
  • 2. LA COMPLÉTIVE RÉDUITE: la proposition complétive est subsituée par un groupe verbal à l' INFINITIF:

         COMPLÉTIVE          COMPLÉTIVE RÉDUITE     
    Je crois que je comprends.
    Je souhaite qu' il vienne.
    Il pense qu' il a raison.
    Il croit qu' il est encore en France.
    Il estime qu' il en a assez fait.
    => Je crois comprendre.
    => Je lui souhaite de venir.
    => Il pense avoir raison.
    => Il croit être encore en France.
    => Il estime en avoir assez fait.
    Il a déclaré qu' il n' avait rien oublié.
    Il a attesté qu' il avait vu une soucoupe volante.
    Il a certifié qu' il était parti à 3 h.
    Il a avoué qu' il avait volé la confiture.
    Il a confirmé qu' il avait vu Pierre.
    Il a reconnu qu' il s' était trompé.
    Il a prétendu qu' il ne te connaissait pas.
    Il a soutenu qu' il l' avait rencontré.
    Il a nié qu' il était passé par la rue du crime.
    Il a contesté qu' il avait voté contre le Président.
    Il a démenti qu' il a pris la voiture.
    => Il a déclaré n' avoir rien oublié.
    => Il a attesté avoir vu une soucoupe volante.
    => Il a certifié être parti à 3 h.
    => Il a avoué avoir volé la confiture.
    => Il a confirmé avoir vu Pierre.
    => Il a reconnu s' être trompé.
    => Il a prétendu ne pas te connaître.
    => Il a soutenu l' avoir rencontré.
    => Il a nié être passé par la rue du crime.
    => Il a contesté avoir voté contre le Président.
    => Il a démenti avoir pris la voiture.

            
  • 3. PRONOMINALISATION DE LA COMPLÉTIVE
         COMPLÉTIVE     
    3.1. PRONOMINALISATION
    Il pense qu' ils reviendront.
    Il veut qu' il soit heureux.
    Il reconnaît que tu est coupable.
    Il déclare qu' il est fautif.
    => Il le pense.
    => Il le veut.
    => Il te reconnaît coupable.
    => Il se déclare fautif.

            
  • 3.2. La complétive peut être aussi substituée par un groupe nominal complément d' objet direct:
         COMPLÉTVIE          GROUPE NOMINAL     
    Il aperçoit que la fille sourit.
    Je désire que tu réussisses.
    => Il aperçoit le sourire de la fille.
    => Je désire ta réussite.



    3.3. Parmi les complétives se classent aussi les subordonnées interrogatives indirectes, qui complètent un verbe de questionnement ( se demander, s'interroger...)
    Ces propositions sont souvent utilisées lorsqu'on annonce une problématique  ( On se demandera dans quelle mesure / on se demandera si ). 
    Rappel : si dans l'interrogation directe, il y a inversion du sujet, dans l'interrogative indirecte le sujet n'est pas inversé, car la phrase redevient déclarative : 
    Le critique a-t-il raison d'affirmer son dégoût pour le populisme ? 
    On se demande si le critique a raison d'affirmer son dégoût pour le populisme.