jeudi 5 septembre 2013

Thèmes de « culture générale et expression » 2014

Thème n° 1 - Paroles, échanges, conversations, et révolution numérique


Problématique
Les échanges de paroles tissent les liens dont tout individu a besoin pour trouver sa place dans le groupe, la communauté, la société. Comment les nouvelles modalités de ces échanges prolongent-elles ou, au contraire, bouleversent-elles notre façon de penser la construction de soi, les relations humaines, les interactions avec les autres et avec le monde ?
Écrit/oral
Les échanges de paroles font intervenir une langue particulière, écrite ou orale. Les codes langagiers sont à prendre en compte dans leur diversité : codes spécifiques de l'échange épistolaire, codes de la conversation courante, codes des échanges numériques. Ces derniers brouillent les catégories de l'écrit et de l'oral : les échanges numériques, qui semblent instantanés et éphémères, laissent pourtant des traces tant il est encore vrai que « les paroles s'envolent et (que) les écrits restent ». Dans ces conditions, quels codes apprendre, à quelles normes se référer pour communiquer ?
Privé/public
Par ailleurs, la communication est régie a priori par des critères différents selon le caractère privé ou public de l'échange. Cette distinction semble cependant remise en cause par les réseaux sociaux qui rendent la vie privée accessible à des publics apparemment choisis. Construit-on son identité de la même façon dans un espace protégé - celui de la famille ou d'un cercle d'amis proches - et dans un réseau social ouvert ? Peut-il y avoir encore de la spontanéité dans les échanges ?
Professionnel/amateur
Qui détient une parole légitime ? Les frontières se brouillent entre la parole des experts, la parole reconnue, et la parole de tous et de chacun. Les blogs contribuent à forger les opinions. Ne risque-t-on pas de perdre la qualité professionnelle de l'appréciation portée sur une information ?
Lieu de pouvoirs/espace démocratique
Du fait du brouillage des codes, la conversation sur internet nivelle les relations hiérarchiques en rendant tout un chacun apparemment accessible. Chacun peut entrer dans une discussion, connaître la pensée de l'autre ou progresser dans la sienne grâce aux interactions entre plusieurs interlocuteurs. Les nouveaux moyens de communication permettent aussi de se constituer en lobbys pour influencer une décision, contourner les médias officiels, pour faire entendre une autre voix, résister à des pouvoirs autoritaires. Mais ces mêmes moyens peuvent être le lieu où se renforce l'expression d'un groupe de pression, qui diffuse des affirmations sans citer ses sources, fausse les informations, avec une efficacité redoutable. Les nouveaux moyens de communication aident-ils à mieux exercer la citoyenneté ?
Proximité/distance
Les lieux de communication traditionnels (la salle de banquet, le café, les salons, etc.) influent sur l'échange. La relation entre interlocuteurs est réinterrogée par les nouvelles technologies. En présence ou à distance (par la lettre, le téléphone, le courriel, les messageries et le contact vidéo), qu'est-ce qui se joue dans ces formes de dialogue ? Quels changements, quels gains, apportent les relations virtuelles par rapport aux relations directes en face à face ?
Continuité/discontinuité
La facilité des échanges, qui reposent sur des moyens techniques en permanence disponibles, permet une relation ininterrompue. Or se donner le temps de la réflexion, prendre de la distance avant de poursuivre et de revenir à une situation et, dans cette interruption, avoir mûri, progressé, organisé sa pensée, permet de mieux fonder son jugement. Cette manière de former ses idées a-t-elle encore un sens à l'heure des échanges spontanés, permanents, continus ? Le temps de la réflexion est-il le garant indispensable de la qualité de l'échange ?
Indications bibliographiques


Littérature
I. Asimov, Face aux feux du soleil, 1957
D. Daeninckx, Camarades de classe, 2008
Ph. Delerm, Quelque chose en lui de Bartleby, 2009
W. Gibson, Neuromancien, 1985
J. Franzen, Freedom, 2011
G. Feydeau, La Puce à l'oreille, 1907
E. Ionesco, La Cantatrice chauve, 1950
La Bruyère, Les Caractères, « De la société et de la conversation », 1688
D. Glattauer, Quand souffle le vent du nord, 2011
S. Larsson, Millenium, 2005-2007
Molière, Les Précieuses ridicules, 1659 ; Le Misanthrope, 1665 ; Les Femmes savantes, 1672
M. Proust, Du côté de chez Swann, « Un amour de Swann », 1913
Y. Réza, Conversations après un enterrement, édition 2004 ; Le Dieu du carnage, 2008, repris au cinéma par Roman Polanski (Carnage, 2011)
N. Sarraute, Les Fruits d'or, 1963 ; Pour un oui ou pour un non, 1982
W. Shakespeare, Beaucoup de bruit pour rien, 1600
Essais
Books, dossier « Cinq cent millions d'amis », octobre 2010
La Conversation, collection Mutations, Autrement, 1999
Internet et les réseaux sociaux, La Documentation française, 2011
« Nos vies numériques », Sciences humaines n° 229, août-septembre 2011
D. Cardon, La Démocratie internet : promesses et limites, Le Seuil, 2010
A. Casilli, Les Liaisons numériques : Vers une nouvelle sociabilité ? 2010
Y. Citton, L'Avenir des humanités, Économie de la connaissance ou cultures de l'interprétation ? 2010
M. Doueihi, La Grande Conversion numérique, 2008
P. Flichy, Le Sacre de l'amateur : sociologie des passions ordinaires à l'ère du numérique, 2010
M. Fumaroli, Trois institutions littéraires, 1994 ; Quand l'Europe parlait français, 2001
E. Godo, Une histoire de la conversation, 2003
E. Lazega, Réseaux sociaux et structures relationnelles, Que sais-je ? 2007
P. Mercklé, Sociologie des réseaux sociaux, 2004, 3ème édition, 2011
Films, séries télévisées
Mary and Max, Adam Elliot, 2009
Vous avez un message, Nora Ephron, 1998
The social network, David Fincher, 2010
L'Esquive, Abdellatif Kechiche, 2004
Ridicule, Patrice Leconte, 1996
Carnage, Roman Polanski, 2011 (repris de la pièce de Yasmina Réza, Le Dieu du carnage)
Le scaphandre et le papillon, Julian Schnabel, 2007
Denise au téléphone, Hal Salwen, 1995
Catfish, Henry Joost, Ariel Schulman, 2010
Contagion, Steven Soderbergh, 2011
Bref (Canal +)
Les Deschiens (« Le Bavard »)
Friends
Sites internet
Blogs des quotidiens de la presse écrite
http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=SOCIO_001_0025 : « Exposition de soi et reconnaissance de singularités subjectives sur les sites de réseaux sociaux » (Fabien Granjon, Julie Denouël)
http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=SOC&ID_NUMPUBLIE=SOC_079&ID_ARTICLE=SOC_079_0075&FRM=N&REDIR=1 : « Smart mobs, Les communautés intelligentes mobiles ; comment reconnaître le futur quand il vous tombe dessus ? » (Howard Rheingold)
prospective-numerique.gouv.fr/place.publique
http://eduscol.education.fr/pid25134/seminaire-metamorphoses-livre-lecture.html : « La rémanence du livre dans les nouveaux dispositifs de communication » (Valérie Jeanne-Perrier)  ; « Un nouvel imaginaire de lecture à travers ses représentations visuelles » (Julia Bonaccorsi)
Mots clés
Correspondance, billet, lettre, carte postale, télégramme, message, texto, SMS, internet, réseaux sociaux, blog, twitter, facebook, skype
Conversation, dialogue, échange, communication, fonction phatique, fonction expressive, fonction impressive
Manuel de conversation, code, civilité, politesse, transgression, abréviation, phonétique, smiley, orthographe, norme
Parler, discuter, argumenter, affirmer, écouter, réfléchir, réagir, contredire, admettre, nuancer
Se dévoiler, se confier, s'épancher, être sincère, mentir, s'exposer, se vanter, page personnelle, profil, narcissisme, altérité, identité
Colporter, diffuser, divulguer, propager, créer le buzz, rumeur, information, qu'en-dira-t-on, réputation, cancans, ragots, marketing viral
Intimité, anonymat, silence, protection de la vie privée, confidentialité, discrétion, secret, meuble secrétaire, pudeur
Vitesse, immédiateté, temps réel, spontanéité, retenue, réserve, atermoiement, procrastination
Ami, association, coterie, cercle, club, communauté, forum de discussion, réseaux sociaux
Élégance, préciosité, affectation, naturel, franchise, ostentation
Expressions : tourner sa langue sept fois dans sa bouche, avoir l'esprit d'escalier, saisir la balle au bond, parler pour ne rien dire, répondre du tac au tac, tourner autour du pot, mdr, lol.
Thème n° 2 - Cette part de rêve que chacun porte en soi
Problématique

Le rêve se définit spontanément par opposition à la réalité. Il est généralement tenu pour une parenthèse de la conscience, une phase particulière du sommeil. Mais il renvoie aussi à la représentation idéale de ce que chacun désire et voudrait peut-être réaliser. La part de rêve que chacun porte en soi semble pouvoir libérer de réalités douloureuses, monotones ou ennuyeuses et aider ainsi à orienter autrement sa vie, à la redessiner dans un ailleurs et un futur plus ou moins proches. Le rêve stimule l'individu qui ne se satisfait pas de ce qu'il est et de ce qu'il a. Il élargit les possibles.
Multiples sont les éveilleurs de rêves (lieux, objets, personnes, sensations, etc.). Les œuvres d'imagination sont aussi propices à la rêverie, elles permettent de se transporter dans d'autres espaces, d'autres époques, d'autres personnages. Cependant, le rêve risque de couper du réel et d'amener à ne vivre que de chimères ou de fantasmes qui empêchent d'agir dans le monde et de mener sa vie. En ce sens, il est parfois dénigré comme perte de temps, fuite des responsabilités. Quelle part de rêve préserver dans un monde soumis à l'efficacité et à la rentabilité immédiates ?
C'est tout autant l'être que l'avoir qui sont concernés par le rêve : rêves d'objets de consommation, rêves de luxe, rêves de ce que les nouvelles technologies autorisent, rêves d'une identité autre, plus belle, plus forte, plus grande. Ces aspirations induisent un idéal porté par le rêve, facteur d'élévation et de sublimation de chacun, force de création et d'innovation. Cet idéal n'est cependant pas le même pour tous. Tel individu ne pourra-t-il pas trouver médiocre ce que tel autre pense être à sa mesure ?
Quelle est la part intime et vraiment personnelle de ce rêve qui nous porte ? Partagé par un groupe ou par l'ensemble d'une société, le rêve peut devenir utopie et donner à chacun comme à tous des raisons de vivre et d'espérer. Mais l'optimisme utopique ne risque-t-il pas de porter atteinte à la part de rêve et de liberté que chacun porte au plus profond de soi ?

Indications bibliographiques


Littérature
André Breton, Nadja
Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles
Erri de Luca, Montededio
Grégoire Delacourt, La Liste de mes envies
Robert Desnos, « J'ai tant rêvé de toi », Corps et biens
Fatou Diome, Le Ventre de l'Atlantique
Victor Hugo, Booz endormiLa Pente de la rêverie
Martin Luther King, I have a dream
La Fontaine, « La laitière et le pot au lait » ; « Les Souhaits »
Haruki Murakami, 1Q84 et Kafka sur le rivage
Nerval, Aurélia
Georges Perec, Les Choses
Arthur Rimbaud, « Rêvé pour l'hiver » et « Aube »
J. K. Rowling, Harry Potter (le miroir, le patronus)
Jean-Paul Sartre, Les Mots (rêveries enfantines)
Jules Vallès, L'Enfant (rêveries autour de Robinson Crusoe)
Paul Verlaine, « Mon rêve familier »
Virgile, Enéide (rêves de Didon et d'Enée, chant IV)
Essais
Gaston Bachelard, L'Air et les songes ; La Poétique de la rêverie
Charles Baudelaire, « La reine des facultés » in Salon de 1859
Sigmund Freud, L'Interprétation du rêve
Neal Gabler, Le Royaume de leurs rêves
Nancy Huston, L'Espèce fabulatrice
Albert Jacquard, Mon utopie
Edgar Morin, Le Cinéma ou l'homme imaginaire
Jean-Bertrand Pontalis, Le Dormeur éveillé

Films, documents iconographiques
La Rose pourpre du Caire, Woody Allen
Big fish, Tim Burton
La vie est belle, Frank Capra
Reality, Matteo Garrone
Eternal Sunshine of the Spotless mind, Michel Gondry
Rêves, Aki Kurosawa
Mulholland drive, David Lynch
Inception, Christopher Nolan
Mary Poppins, Robert Stevenson
Stalker, Andreï Tarkovski
Les Daguerréotypes (scène finale des rêves), Agnès Varda
Total recall, Paul Verhoeren (roman de Philip K. Dick, Souvenirs à vendre)
Marc Chagall
Salvador Dali
Giorgio de Chirico
Paul Delvaux
Douanier Rousseau
Caspar David Friedrich
Paul Gauguin
René Magritte
Dreamlands - Des parcs d'attraction aux cités du futur (catalogue de l'exposition du Centre Pompidou, 2010)

Musique, chansons
Robert Schumann, Rêverie
Franz Listz, Liebestraüme
Claude Debussy, Prélude à l'après-midi d'un faune
Dominique A, La relève
Charles Aznavour, Je m'voyais déjà
Jacques Brel, La quête
Claude Dubois, J'aurais voulu être un artiste (le blues du businessman)
John Lennon, Imagine
Claude Nougaro, Le cinéma
Téléphone, Un autre monde
Boris Vian, La complainte du progrès
Laurent Voulzy, Le rêve du pêcheur

Sites internet
Base de textes pour l'étude des rêves dans les textes littéraires :
http://www.reves.ca/index.php
Exposition BNF - Utopie : La quête de la société idéale en Occident :
http://expositions.bnf.fr/utopie/index.htm

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mardi 3 septembre 2013

Les axiomes de Palo Alto


L'Ecole de Palo Alto, aussi appelé Collège Invisible parce que regroupant des idées et théories, plus que des individus installés dans la ville, est une école dont le centre d'intérêt est de comprendre comment fonctionnent les interrelations entre individus et groupes, et particulièrement les interactions malades dans le cadre d'opérations thérapeutiques.  En observant comment les individus réussissent leurs actions, et aussi, pour reprendre une expression humoristique de Paul Watzlawick comment ils réussissent à échouer, l'école de Palo Alto a pu déterminer un certain nombre de règles régissant les individus entre eux. La plupart de ces règles sont respectées à leur insu, seul le manquement aux règles les fait apparaître. La théorie de la communication qu’ils élaborent est ainsi différente de celle présentée par les ingénieurs Shannon et Weaver  en raison de leur  approche pragmatique de la communication. Ce groupe de chercheurs innovant et, avec entre autres Gregory Bateson, Jay Haley, et Don Jackson, Paul Watzlawick va faire de cette Ecole de Palo Alto une référence dans les domaines des théories de la communication, de la psychothérapie et de la thérapie familiale.
·         Le fondateur : Gregory Bateson (1904-1980)
Anthropologue d’origine anglaise, Bateson parcourait le monde dans le cadre de recherches en biologie.  En 1951, il publia, avec le psychiatre Jurgen Ruesch un livre intitulé Communication : The social matrix of psychiatry dans lequel il développait plusieurs concepts qui constituaient autant d’ébauches d’un tournant majeur dans l’appréhension des phénomènes de communication.
L’idée centrale de l’ouvrage consiste à concevoir la communication comme la matrice dans laquelle sont enchâssées toutes les activités humaines. Aussi, il élargit le champ de la communication à tous les processus par lesquels les individus s’influencent mutuellement et distingue 4 niveaux de communication : intrapersonnel (avec soi-même), interpersonnel (entre deux personnes), groupal (entre plusieurs personnes) et culturel  (entre de nombreux individus). ALors que dans les travaux mathématiques de type Shannon, la communication reposait sur l'émetteur et son intention d'envoyer un message (à un autre individu), Ruesch et Bateson partent du récepteur et sa perception d'impressions en provenance de lui-même, d'autres individus, de l'environnement. Ils en conclut que les êtres humains sont biologiquement contraints de communiquer.
En 1952, il reçoit une subvention de la fondation Rockfeller pour étudier les « paradoxes de l’abstraction dans la communication » : c’est la naissance du premier groupe de Palo Alto avec le « projet Bateson ».
Le projet débouche ainsi sur l’élaboration de la théorie du double-bind ou double contrainte formulée en 1956 dans leur article intitulé Vers une théorie de la schizophrénie. Pour eux, « Le paradoxe est un modèle de communication qui mène à la double contrainte ». C’est cette situation qu’ils trouvèrent dans les familles de schizophrènes sans conclure cependant qu’il s’agissait d’une causalité linéaire vers la maladie mentale. La théorie affirme l'existence de relations conflictuelles entre le malade psychotique et son entourage, le dernier donnant au premier des ordres absurdes et impossibles à exécuter (en résumé caricatural: je te donne l'ordre de me désobéir, sinon...). Ces ordres impossibles à respecter étant, forcément, toujours suivis de sanctions, ils entraîneraient ainsi l'apparition de la psychose. Autre ex : C’est le cas lorsque l’on vous dit « soyez naturel ». Car on vous invite à "être" ce que précisément la même invitation empêche : d’être naturel. Ce projet, dirigé par Bateson va durer jusqu’en 1962, date à laquelle celui-ci part pour poursuivre ses propres recherches dans le domaine de la communication : la psychiatrie n’a jamais été pour lui qu’une application parcellaire de ses théories. Jackson, qui a toujours été intéressé par les applications pratiques du projet fonde en 1959 le Mental Research Institute (MRI), constituant le second groupe de Palo Alto.
Le Mental Research Institute ou le second groupe : En 1959, le psychiatre Don Jackson, déjà lié au groupe autour de Bateson à l’invitation de ce dernier, fonda à Palo Alto le MRI avec l’ambition avouée d’étudier dans le détail la schizophrénie et d’en extrapoler des éléments théoriques sur la communication interpersonnelle.

Paul Watzlawick,.
Leurs travaux s’inscrivaient explicitement dans la foulée des théories du groupe de Bateson, mais il convient de noter que les deux groupes demeurèrent distincts et affichèrent régulièrement leurs divergences.
Watzlawick et Jackson, rejoints par Weakland, Fisch, Hall et d’autres encore crée la psychothérapie systémique basée notamment sur la notion d’homéostasie familiale qui suppose que soigner une pathologie psychiatrique chez un membre de la famille passe par la prise en compte de toute la famille, la personne malade n’étant qu’un symptôme de la pathologie du système (famille).
→ il s’agit d’une perspective empreinte de systémique et cybernétique.
En 1967, dans leur ouvrage Pragmatics of Human Communication (une logique de la communication), Paul Watzlawick, Jeanet Beavin et Don Jackson entendaient présenter une synthèse des travaux du groupe de Watzlawick et de Betson.
Dans le second chapitre « Propositions pour une axiomatique de la communication » ils énoncent 5 axiomes qui s’inscrivent dans la pragmatique, que l’on a nommé les axiomes de Watzlawick qui sont des propriétés fondamentales de la communication, des sortes de principes fondateurs de la pragmatique de la communication.


On ne peut pas ne pas communiquer.
Toute communication présente deux aspects : le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et par suite est une méta-communication.
 La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires.
 Les êtres humains usent simultanément de deux modes de communication : digitale et analogique.
Tout échange de communication est symétrique ou complémentaire, selon qu’il se fonde sur l’égalité ou la différence.

lundi 2 septembre 2013

Le schéma de la communication


Roman Jakobson est né à Moscou le 23 octobre 1896.  En 1912, il adhère au mouvement futuriste russe et se passionne pour les avant- de l’art et de la poésie, ainsi qu’aux recherches des linguistes du Cerclelinguistique de Prague  qui cherchent à comprendre comment la structure profonde du langage participe aux actes de communication
En 1920, il s’installe à Prague pour son doctorat et y fonde en 1926 avec avec  Nikolaï Troubetzkoï, Vilèm Mathésius et quelques autres l'Ecole de Prague de la théorie linguistique. Son goût pour la poésie oriente ses recherches vers la phonétique et la phonologie
Etant juif, il quitte Prague pour les pays scandinaves puis les Etats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. Il se lie à Claude Levi-Strauss qui l’initie au structuralisme, avec qui il travaille sur le sonnet de Baudelaire, Les Chats. De 1949 jusqu’à la fin de sa vie, il enseigne à Harvard.
En 1963, paraît en français aux éditions de Minuit le premier tome des Essais de linguistique générale dans lequel figure son fameux schéma de la communication, inspiré des travaux de Shannon. Ce schéma, très critiqué par les théoriciens de Palo Alto, présente cependant l’avantage de mettre en lumière les six fonctions premières du langage.

Ses contributions les plus connues sont :
-      Le schéma qui porte son nom
-      La mise au clair des six fonctions du langage
-      Ses propositions concernant le syntagme et le paradigme. 



Le schéma de la communication selon Jakobson

Ce modèle reconnu dans le monde entier, fondé sur la linguistique, est proposé en 1963 par Roman Jakobson (1896-1982). Ce linguiste russe développe un point de vue centré non plus sur la transmission d'un message, mais sur le message lui même, évitant ainsi les dangers d'instrumentalisation technique. Il est composé de six facteurs. À chacun de ces six facteurs est lié une fonction du message, explicitée par Jakobson.
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Le destinateur, lié à la fonction expressive du message,
Le message, lié à la fonction poétique du message,
Le destinataire, lié à la fonction conative du message,
Le contexte, l'ensemble des conditions (économiques, sociales et environnementales principalement) extérieures aux messages et qui influence sa compréhension, lié à la fonction référentielle du message,
Le code, symbolisme utilisé pour la transmission du message, lié à la fonction métalinguistique du message,
Le contact, liaison physique, psychologique et sociologique entre émetteur et récepteur, lié à lafonction phatique du message.
On notera l'apparition ou la réapparition des trois dernières notions (contexte, code, contact) qui complètent énormément la vision d'ensemble sur ce qu'est une communication.
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Ce schéma général de la communication humaine a été proposé en 1963, dans «Linguistique et poétique », In Essais de linguistique générale, Editions de Minuit, Paris, 209-248.



La fonction référentielle
Cette fonction concerne principalement le référent auquel renvoie le message. Autrement dit à cet état du monde dont parle le message. Il s'agit de la fonction informative de tout langage.
La fonction expressive
Elle est centrée sur le destinateur, sur l'émetteur et lui permet d'exprimer son émotion, son affectivité par rapport à ce dont il parle. Elle suppose l'acquisition d'un style, d'une façon bien personnelle de s'exprimer. Les onomatopées, les jurons, les formes exclamatives en général, les adjectifs à valeur expressive, etc. Tous les traits dits suprasegmentaux - intonation, timbre de la voix, etc. - du langage parler ou du genre mimique, les gestes, le débit, les silences, ont aussi une fonction expressive.
La fonction conative
Elle est centrée sur le destinataire. Il s'agit de reconaître au langage une visée intentionnelle sur le destinataire et une capacité d'avoir sur ce dernier un effet persuasif ou intimidant. C'est cette dernière orientation qui a été développée par les pragmaticiens à la suite de la théorie des actes du langage développée par Austin J.L. (1970), Quand dire, c'est faire, Paris, Seuil.  Les formes grammaticales qui permettent l'instanciation de cette fonction sont par exemple le vocatif, l'impératif. A titre d'exemples, pensons seulement à la publicité qui incite à acheter, aux politiciens qui incitent à voter, etc.
La fonction phatique
Cette fonction sert "simplement" à établir la communication, à assurer le contact et l'attention entre les interlocuteurs. il s'agit de rendre la communication effective et effective. Tous ceux qui sont habitués aux formes de communication médiatisée par ordinateur savent combien l'absence de ces modalités de régulation de la communication peuvent en entraver la convivialité et l'efficacité au sens le plus strict.
La fonction métalinguistique
La fonction métalinguistique répond à la nécessité d'expliciter parfois les formes mêmes du langage. A chaque fois que je m'assure que mes interlocuteurs partagent le même code que moi et, comme moi appellent bien un chat un chat, je fais appel à la capacité qu'a la langue de pouvoir expliciter ses propres codes, ses propres règles et son propre lexique.Autrement dit, quand je demande à mon interlocuteur "Qu'entends-tu exactement quand tu dis <galetas> ?" Je mets en oeuvre la fonction métalinguistique. Tous les ouvrages traitant du code, comme les grammaires ou les dictionnaires constituent ainsi d'excellents exemples de message à visée métalinguistique
La fonction poétique
Cette dernière fonction met l'accent sur le message lui-même et le prend comme objet. Il s'agit donc de mettre en évidence tout ce qui constitue la matérialité propre des signes, et du code.
Il s'agit de tous les procédés poètiques tels que l'allitération (le célèbre Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes), les rimes, etc.