L'Ecole de Palo Alto, aussi appelé Collège
Invisible parce que regroupant des idées et théories, plus que des
individus installés dans la ville, est une école dont le centre d'intérêt est
de comprendre comment fonctionnent les interrelations entre individus et
groupes, et particulièrement les interactions malades dans le cadre
d'opérations thérapeutiques. En observant comment les individus
réussissent leurs actions, et aussi, pour reprendre une expression humoristique
de Paul Watzlawick comment ils réussissent à échouer, l'école de Palo
Alto a pu déterminer un certain nombre de règles régissant les individus entre
eux. La plupart de ces règles sont respectées à leur insu, seul le manquement
aux règles les fait apparaître. La théorie de la communication qu’ils élaborent
est ainsi différente de celle présentée par les ingénieurs Shannon et
Weaver en raison de leur approche pragmatique de la communication.
Ce groupe de chercheurs innovant et, avec entre autres Gregory Bateson, Jay
Haley, et Don Jackson, Paul Watzlawick va faire de cette Ecole de Palo Alto une
référence dans les domaines des théories de la communication, de la
psychothérapie et de la thérapie familiale.
·
Le fondateur : Gregory Bateson
(1904-1980)
Anthropologue
d’origine anglaise, Bateson parcourait le monde dans le cadre de recherches en
biologie. En 1951, il publia, avec le psychiatre Jurgen Ruesch un livre
intitulé Communication : The social matrix of psychiatry dans
lequel il développait plusieurs concepts qui constituaient autant d’ébauches
d’un tournant majeur dans l’appréhension des phénomènes de communication.
L’idée
centrale de l’ouvrage consiste à concevoir la communication comme la matrice
dans laquelle sont enchâssées toutes les activités humaines. Aussi, il
élargit le champ de la communication à tous les processus par lesquels les
individus s’influencent mutuellement et distingue 4 niveaux de communication :
intrapersonnel (avec soi-même), interpersonnel (entre deux personnes), groupal
(entre plusieurs personnes) et culturel (entre de nombreux individus). ALors
que dans les travaux mathématiques de type Shannon, la communication reposait
sur l'émetteur et son intention d'envoyer un message (à un autre individu),
Ruesch et Bateson partent du récepteur et sa perception d'impressions en
provenance de lui-même, d'autres individus, de l'environnement. Ils en conclut
que les êtres humains sont biologiquement contraints de communiquer.
En
1952, il reçoit une subvention de la fondation Rockfeller pour étudier les «
paradoxes de l’abstraction dans la communication » : c’est la naissance du
premier groupe de Palo Alto avec le « projet Bateson ».
Le
projet débouche ainsi sur l’élaboration de la théorie du double-bind ou double
contrainte formulée en 1956 dans leur article intitulé Vers une théorie de la
schizophrénie. Pour eux, « Le paradoxe est un modèle de communication qui mène
à la double contrainte ». C’est cette situation qu’ils trouvèrent dans les
familles de schizophrènes sans conclure cependant qu’il s’agissait d’une
causalité linéaire vers la maladie mentale. La théorie affirme l'existence de
relations conflictuelles entre le malade psychotique et son entourage, le
dernier donnant au premier des ordres absurdes et impossibles à exécuter (en
résumé caricatural: je te donne l'ordre de me désobéir, sinon...). Ces ordres impossibles
à respecter étant, forcément, toujours suivis de sanctions, ils entraîneraient
ainsi l'apparition de la psychose. Autre ex : C’est le cas lorsque l’on vous
dit « soyez naturel ». Car on vous invite à "être" ce que
précisément la même invitation empêche : d’être naturel. Ce projet, dirigé par
Bateson va durer jusqu’en 1962, date à laquelle celui-ci part pour poursuivre
ses propres recherches dans le domaine de la communication : la psychiatrie n’a
jamais été pour lui qu’une application parcellaire de ses théories. Jackson,
qui a toujours été intéressé par les applications pratiques du projet fonde en
1959 le Mental Research Institute (MRI), constituant le second groupe de Palo
Alto.
Le
Mental Research Institute ou le second groupe : En 1959, le psychiatre Don Jackson,
déjà lié au groupe autour de Bateson à l’invitation de ce dernier, fonda à Palo
Alto le MRI avec l’ambition avouée d’étudier dans le détail la schizophrénie et
d’en extrapoler des éléments théoriques sur la communication interpersonnelle.
Paul Watzlawick,.
Leurs
travaux s’inscrivaient explicitement dans la foulée des théories du groupe de
Bateson, mais il convient de noter que les deux groupes demeurèrent distincts
et affichèrent régulièrement leurs divergences.
Watzlawick
et Jackson, rejoints par Weakland, Fisch, Hall et d’autres encore crée la
psychothérapie systémique basée notamment sur la notion d’homéostasie familiale
qui suppose que soigner une pathologie psychiatrique chez un membre de la
famille passe par la prise en compte de toute la famille, la personne malade
n’étant qu’un symptôme de la pathologie du système (famille).
→ il
s’agit d’une perspective empreinte de systémique et cybernétique.
En
1967, dans leur ouvrage Pragmatics of Human Communication (une logique
de la communication), Paul Watzlawick, Jeanet Beavin et Don Jackson entendaient
présenter une synthèse des travaux du groupe de Watzlawick et de Betson.
Dans
le second chapitre « Propositions pour une axiomatique de la communication
» ils énoncent 5 axiomes qui s’inscrivent dans la pragmatique, que l’on a nommé
les axiomes de Watzlawick qui sont des propriétés fondamentales de la
communication, des sortes de principes fondateurs de la pragmatique de la
communication.
On ne peut pas ne pas
communiquer.
Toute communication présente deux aspects : le
contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et par suite est
une méta-communication.
La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires.
Les êtres humains usent simultanément de deux modes de communication : digitale et analogique.
Tout échange de communication est symétrique ou complémentaire, selon qu’il se fonde sur l’égalité ou la différence.
La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires.
Les êtres humains usent simultanément de deux modes de communication : digitale et analogique.
Tout échange de communication est symétrique ou complémentaire, selon qu’il se fonde sur l’égalité ou la différence.
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